Là où je demeure, le postier ne livre pas aux maisons. Le courrier est mis dans un casier à l’entrée de la rue et il nous faut aller le chercher.
Quand je n’ai pas à aller à la ville pour les emplettes, je marche pour aller quérir les comptes; les lettres d’amour, il n’y en a pas souvent, pas plus que les lettres de notaires annonçant que j’hérite d’un oncle richissime.
J’ai besoin d’environ 15 minutes pour me rendre aux casiers; il y a 36 cases et j’ai la case 36. Je dois donc toujours me pencher pour ouvrir le coffret; un jour, j’enverrai le petit voisin à ma place, car mon dos ne pourra plus satisfaire l’appétit de mes créanciers.
Pour revenir à la maison, j’ai besoin de 45 minutes environ. La distance à parcourir est toujours la même mais l’ascension est plus difficile.
C’est toujours une nouvelle randonnée à toutes les fois où je vais chercher le courrier. Un jour, ce furent trois chevreuils qui m’ont salué du regard. Parfois, je vois Thomas qui me salue et me dis que je suis bien courageux de monter la rue à pied (il voudrait bien que je prenne l’auto pour aller chercher mes bouts de papier); il y a le St-Bernard qui m’accompagne jusqu’à la maison du voisin; il y a aussi le ruisseau qui serpente la montagne à partir de son faîte jusqu’au bas de la rue. Il parcoure, tout en chantant, plusieurs terrains et ses méandres peignent des tableaux toujours vivants. Les arbres, tous plus grands les uns que les autres et majestueux; en hiver, la neige les saupoudre et leur donne un air de carte postale.
Ces remontées représentent 45 minutes de joie, d’appréciation et de ressourcement intérieur; ce sont 45 minutes que je prends pour moi et où je me retrouve seul, que je me questionne et que je me dis que la vie vaut la peine d’être vécue; 45 minutes de bonheur par jour.
Pierre
Quand je n’ai pas à aller à la ville pour les emplettes, je marche pour aller quérir les comptes; les lettres d’amour, il n’y en a pas souvent, pas plus que les lettres de notaires annonçant que j’hérite d’un oncle richissime.
J’ai besoin d’environ 15 minutes pour me rendre aux casiers; il y a 36 cases et j’ai la case 36. Je dois donc toujours me pencher pour ouvrir le coffret; un jour, j’enverrai le petit voisin à ma place, car mon dos ne pourra plus satisfaire l’appétit de mes créanciers.
Pour revenir à la maison, j’ai besoin de 45 minutes environ. La distance à parcourir est toujours la même mais l’ascension est plus difficile.
C’est toujours une nouvelle randonnée à toutes les fois où je vais chercher le courrier. Un jour, ce furent trois chevreuils qui m’ont salué du regard. Parfois, je vois Thomas qui me salue et me dis que je suis bien courageux de monter la rue à pied (il voudrait bien que je prenne l’auto pour aller chercher mes bouts de papier); il y a le St-Bernard qui m’accompagne jusqu’à la maison du voisin; il y a aussi le ruisseau qui serpente la montagne à partir de son faîte jusqu’au bas de la rue. Il parcoure, tout en chantant, plusieurs terrains et ses méandres peignent des tableaux toujours vivants. Les arbres, tous plus grands les uns que les autres et majestueux; en hiver, la neige les saupoudre et leur donne un air de carte postale.
Ces remontées représentent 45 minutes de joie, d’appréciation et de ressourcement intérieur; ce sont 45 minutes que je prends pour moi et où je me retrouve seul, que je me questionne et que je me dis que la vie vaut la peine d’être vécue; 45 minutes de bonheur par jour.
Pierre